Aide aux devoirs, copie à revoir !
Le conseil municipal du 23 juin s’est tenu dans une grande intimité, moins de 10 chabeuillois présents : changement de date, aucune information sur le site internet, salle contrainte. Un chabeuillois s’est confié la semaine dernière «on sent bien que le maire ne veut pas nous voir».
Lors de ce conseil municipal du 23 juin, le conseil municipal a voté une délibération pour transformer l’aide aux devoirs.
Le précédent système «CLAS» avait été voté par la majorité Vidana (à laquelle appartenait M. Pano, le maire actuel). Le système était peu efficace, son seul intérêt était d’être gratuit et de chercher à toucher les enfants concernés par les difficultés sociales et scolaires cumulées, avec un nombre de places assez réduit.
Le nouveau système devient une véritable aide aux devoirs…
MAIS
Ce qui gâche le projet :
1 - Le CLAS était gratuit. A l’inverse, l’aide aux devoirs devient une sorte d’option de la garderie scolaire, non gratuite donc. On risque de perdre les enfants des familles qui ont peu de moyens. Or, statistiquement, sociologiquement, ce sont les familles qui en ont le plus besoin, car les parents ont moins la capacité d’assurer l’accompagnement aux devoirs à la maison.
En conseil municipal, nous avons demandé d’assurer la gratuité de l’aide aux devoirs pour les familles à faible revenu. En effet, le prix «plancher» pour les plus bas revenus demandé par la commune est de 2.60€ pour une aide au devoir, le prix «plafond» pour les plus hauts revenus est de 3.75€.
Si on appliquait ce même ratio aux revenus, cela se traduirait par un salaire «plancher» de 1200€ (en admettant que tout le monde touche au moins le SMIC à Chabeuil…), le salaire le plus élevé s’élèverait, lui, à 1730.8€. C’est tout à fait inexact (à commencer par le salaire du maire lui-même).
Cette échelle de prix est complètement injuste, la part du smicard pour payer un mois de garderie est de 1.04% de son salaire. La part pour un salarié touchant 2500€ est de 0.60%. Et un salarié touchant 3500€ paye une part de 0.40%. Sans parler de ceux qui ne touchent même pas le SMIC...
Autrement dit, plus on gagne d’argent, moins l’aide aux devoirs pèse dans le salaire.
2 - Par ailleurs, un enfant ne peut être inscrit que pour une seule session (entre deux périodes de vacances scolaires). Ce principe de la rotation par session n’est pas adapté. Outre l'émiettage de l'aide, peu efficace, certains enfants ont plus de besoins que d’autres. Certaines familles peuvent assurer l’accompagnement, d’autres non.
Si un enfant a besoin de revenir à une session suivante, le processus dérogatoire est trop contraignant : il faut l’avis de l’enseignant, vérifier la place disponible puis l’accord de la mairie. Quelle bureaucratie ! Et puis, qui décide à la mairie ? Et sur quels critères ? Avec quel accès à quelles informations sociales ou scolaires ? Quelle protection des données individuelles ? Depuis quand le maire est capable de décider de qui a besoin d’une aide aux devoirs ?
Il faut laisser le corps enseignant juger des besoins en fonction du nombre de places, sans mettre en place un processus technocratique qui risque de rater sa cible.
Fausse route donc pour cette aide aux devoirs. Si l’objectif est de permettre à tous les enfants de bénéficier de l’aide aux devoirs, il faut être cohérent et permettre un effectif plus large sans faire de l'émiettage. Si l’objectif est d’élever le niveau scolaire sans oublier d’enfants sur le bord de la route, il faut une grille tarifaire plus juste. Si on ne veut pas déployer un budget trop important pour la mairie, il faut cibler davantage les enfants qui en ont besoin. Le maire n’a visiblement pas su ou pas voulu choisir son objectif.
Nous devons réinvestir sur l’éducation des jeunes, tous, sans exception, l’aide aux devoirs gratuite est une des voies d’action possible. C'était notre engagement.