La crise de l’énergie, yakafocon
Récemment, un haut-commissaire à l’énergie atomique a claqué la porte de ce même haut-commissariat en déplorant le manque de culture scientifique du personnel politique.
Au-delà de son discours plutôt partisan du nucléaire, son discours pointe une véritable inculture scientifique du personnel politique, jusqu’au niveau local.
On entend ainsi encore quelques élus locaux douter du réchauffement climatique, prétexte pour ne rien faire.
On entend aussi des élus se lancer dans des analyses énergétiques audacieuses « on aurait dû faire plus de nucléaire, c’est la faute des écolos ».
Passé ce discours simpliste, rappelons quelques faits :
1-le réchauffement climatique est bien en marche, les sécheresses successives et les canicules en sont le reflet. Pour autant, nous continuons de penser qu’il est possible de le contenir et le rendre vivable, à condition de mettre les bonnes mesures en place, sans demander aux classes moyennes ou aux plus précaires de supporter tout l’effort.
2-en ce qui concerne l’énergie, la situation actuelle est liée à trois facteurs :
-la guerre en Ukraine qui compromet la vente de gaz à l’Allemagne, qui a fait le choix de privilégier la production électrique à partir du gaz. L’Allemagne manque donc d’électricité et ne peut plus en vendre à la France.
-le parc nucléaire en maintenance : un tiers du parc reste non disponible. En cause ? Le vieillissement du parc, une maintenance lourde mais qui répond aux critères de sécurité de l’ASN et le retard pris à cause du Covid.
-la sécheresse qui limite le stock d’eau dans les barrages, notamment dans le sud de la France et entraîne une moindre production énergétique. Or, les « pointes » de consommation énergétique sont couvertes par les barrages et non par le parc nucléaire qui a une forte inertie. C’est précisément pour cette raison que les « mesures de délestages » (autrement dit, les coupures électriques) sont prévues sur ces pointes de consommation.
Ajoutons que la France a très peu développé les énergies renouvelables par rapport aux autres pays, à peine un tiers des objectifs est atteint.
Évitons donc les discours de yakafocon. Au niveau local, les élus locaux sont interpelés pour essayer de faire progresser les énergies renouvelables. Il est temps de s’y mettre au lieu de polémiquer sur la situation du parc nucléaire. Rappelons en effet qu’un projet d’énergies renouvelables met entre 5 et 10 ans pour sortir de terre, alors qu’il faut environ 20 à 25 ans pour construire une centrale nucléaire (ex de l’EPR de Flamanville qui a pris plus de 10 ans de retard et de nombreux surcoûts, plus de 20 milliards d’€ selon la cour de comptes). Ce n'est certes pas la même capacité mais si on veut être efficace, il faut prendre les solutions dans l'ordre de leur faisabilité.
Quant à l’hydrogène, c’est une solution limitée à des exploitations industrielles, ce n’est pas une solution à l’échelle individuelle.
A Chabeuil aussi, il est temps de s’intéresser au sujet, les capacités photovoltaïques sur les toitures ou sur parkings sont peu exploitées.
Il est encore temps de faire face à ces difficultés sans céder à la panique ni à la complaisance.