Le risque inondation à Chabeuil, où en est-on ?
Le PPRi : Quésaco ?
Le Plan de Prévention du Risque Inondation est un plan (des cartes et un règlement : des prescriptions et interdictions) pour maîtriser, limiter ou interdire les constructions mais également les extensions et certaines activités dans les zones exposées aux inondations par les cours d’eaux mais aussi et plus récemment par les eaux de ruissellement.
Les objectifs des PPRi sont d’améliorer la sécurité des populations et d’empêcher toutes nouvelles constructions dans les zones exposées, de réduire les coûts des dommages et de remise en état et d’augmenter la résilience des territoires. Ainsi des mesures sont définies afin d’améliorer la protection, réduire la vulnérabilité et préserver les zones d’expansion des crues (zones inondables sans enjeux, les zones humides,…).
Quelques notions importantes :
L’aléa
C’est le phénomène en lui-même, c’est donc la crue et son enveloppe. Pour les PPRI la crue de référence modélisée est la crue centennale appelée la « Q100 ». Cette notion de fréquence de crue est quelque peu aléatoire c’est pourquoi aujourd’hui on se réfère davantage à des débits de crue. Ce qu’il faut retenir c’est que l’aléa est estimé pour une crue exceptionnelle. On estime que dernière crue exceptionnelle de la Véore proche de la Q100 remonte à 1971.
Une modélisation est réalisée grâce à un logiciel hydraulique qui simule les crues sur la base de débits de référence, de durées estimées de la crue et d’un relevé topographique de terrain. Cette modélisation va donner des enveloppes de crues, des hauteurs et des vitesses des écoulements des eaux dans le cours d’eau lui-même et ses zones de débordement.
Le cumul de la hauteur et de la vitesse des écoulements dans la zone inondée va permettre de déterminer le niveau de l’aléa : faible, moyen, fort.
Pour une zone en « aléa fort » et même si des constructions existent la zone devient inconstructible (y compris pour les extensions qui peuvent être alors interdites ou très limitées). Cependant dans certains cas, notamment dans les centres urbains denses et pour les exploitations agricoles, il peut y avoir des adaptations.
Pour « l’aléa moyen et faible », les zones urbanisées ou à urbanisées peuvent rester constructibles sous certaines conditions et prescriptions de réduction de la vulnérabilité de la construction : pas de sous-sol, surélévation du plancher, installation électrique en hauteur, systèmes pour rendre étanche les ouvertures,…
Ce sont les biens (habitations, bâtiments, infrastructures) et les personnes qui pourraient être impactés par une inondation.
Le risque : c’est le croisement de l’aléa et des enjeux. Concrètement, il n'y a pas de risque si l’inondation n’impacte aucune habitation.
Les digues et bandes de sécurité
Les constructions installées à l’arrière d’une digue de protection contre les crues sont en fait davantage exposées aux risques notamment en cas de rupture des digues qui ne sont malheureusement pas infaillibles. C’est pourquoi le PPRi prévoit à l’arrière des digues une bande de sécurité inconstructible. Des études complémentaires peuvent-être alors nécessaires pour connaître l’efficacité réelle de la digue (qui peut-être un muret comme dans le centre de Chabeuil). Ainsi, lorsque la digue ne joue aucun rôle de protection réelle pour une crue de niveau Q100, la bande de sécurité n’est alors pas nécessaire derrière la digue. Cela peut être aussi le cas lorsque le cours d’eau déborde en amont de la digue, celle-ci pouvant même empêcher le retour des eaux à la rivière.
La première étape est la prescription à la commune par le préfet d’un projet de PPRi. Cette prescription s’est faite à l’échelle du territoire des bassins versants de la Véore et Barberolle en 2012.
Ensuite, la Direction Départementale Territoriale (DDT, service de l’Etat qui élabore le PPRi) a mené les études techniques nécessaires pour définir l’aléa, c’est-à-dire le risque inondation sur le territoire.
Une fois, l’aléa connu (faible-fort-moyen), la DDT a rencontré les élus de Chabeuil pour faire connaître les résultats de leur investigation et finaliser toutes les pièces du PPRi (note de présentation, règlement, cartes). Celui-ci est donc aujourd’hui abouti. Dans le cadre de la concertation du public, les services de la DDT ont organisé une réunion publique au centre culturel le 07/09/2021.
L'aléa à Chabeuil concerne essentiellement la traversée du centre ville par la Véore, les zones de débordement étant bien identifiées le long du cours d'eau. Ce sont les zones qui ont été touchées par l'inondation de 1971.
la consultation des organismes et services associés et l’ouverture d’une enquête publique. A l’issue de cette enquête ouverte à tous, le PPRi, éventuellement modifié pour tenir compte des avis, sera approuvé par arrêté préfectoral.
Au-delà du PPRi une commune comme Chabeuil peut mener des opérations de bons sens pour rendre son territoire plus résilient et moins exposé aux événements naturels et climatiques. Voici une liste d’opération non exhaustive plus ou moins ambitieuses (certaines feront l’objet de prochaines publications) :
- Limiter l’imperméabilisation des sols
- Désimperméabiliser les parkings, places, cours d’écoles, tours des arbres … sur le domaine public et privé.
- Déconnecter les eaux pluviales du réseau (qui finit aux cours d’eau) pour l’infiltrer «à la parcelle», c’est-à-dire directement là où tombe la pluie, grâces à des noues, des jardins de pluies végétalisés, des réserves d’eau,….
- Végétaliser à grande échelle.
- Travailler avec les agriculteurs du territoire pour les accompagner vers des pratiques qui favorisent la rétention et l’infiltration des eaux sur leurs parcelles et limitent le ruissellement (restaurer un bocage, favoriser le couvert végétal permanent, labour à contre sens de la pente, gestion des fossés agricoles,…)
- Restaurer les zones d’expansion des crues, c’est-à-dire redonner la possibilité aux cours d’eau d’inonder dans les zones sans enjeux pour mieux protéger les zones habitées, en supprimant certaines digues
- Protéger-préserver-restaurer les zones humides.