La sécurité, méfiez-vous de votre voisin, il vous surveille.
Lors du dernier conseil municipal, le maire a indiqué qu’il souhaitait augmenter le parc de vidéo protection.
45 caméras sont déjà installées à Chabeuil, soit 1 caméra pour 150 habitants. Un classement des grandes villes met Nice en tête, avec une caméra pour 130 habitants. Chabeuil cherche-t-elle à concurrencer Nice?
Le chemin des possibles met en doute l’efficacité des caméras. Les études nationales disponibles montrent une relative efficacité : elles n’empêchent pas la commission des faits, elles décalent la délinquance à l’abri des caméras et elles ne participent que très rarement à la résolution des affaires. On a bien en tête 2 ou 3 affaires emblématiques, mais au regard du nombre de caméras installées, cela interroge sur la réelle efficacité.
Le maire n’est pas d’accord et défend son bilan “les caméras de Chabeuil ont permis d’identifier l’auteur d’un tag et l’auteur d'un chien écrasé”.
La conclusion s’impose : les faits n’ont pu être empêchés et on peut s’interroger sur la bonne adéquation entre les moyens déployés et la résolution des affaires.
Source : Wikipedia commons Creative Commons
Le maire n’est pas d’accord et défend son bilan “les caméras de Chabeuil ont permis d’identifier l’auteur d’un tag et l’auteur d'un chien écrasé”. La conclusion s’impose : les faits n’ont pu être empêchés et on peut s’interroger sur la bonne adéquation entre les moyens déployés et la résolution des affaires.
Un bilan a été demandé à la mairie sur
les faits empêchés ou élucidés
le coût de la maintenance
-e nombre de caméras supplémentaires prévu
…sans retour.
Pourtant, c’est assez classique et normal de demander un bilan de l’action publique, même et surtout pour les politiques de sécurité.
Or, le maire veut installer de nouvelles caméras! Mais que craint-on à Chabeuil?
Réponse en faisant un tour à la réunion “ouvrez l’oeil” organisée par la mairie et la gendarmerie. Une cinquantaine de personnes présentes, dont 5 du groupe le Chemin des Possibles.
Le gendarme l’admet, Chabeuil est une ville tranquille et ne parle que de faits délinquants avérés et non de sentiment d’insécurité. Chabeuil est sous la moyenne nationale des faits de vols et d’agression pour les villes de taille équivalente confirme le maire, et ce depuis de longues années. Il ne faut donc pas confondre insécurité avec sentiment d’insécurité.
Source : Wikipedia commons Creative Commons
A noter toutefois, l’atteinte aux personnes en augmentation constante depuis 3 ans, mais pas sur la voie publique, plutôt à domicile, en famille.. En effet, depuis le covid, les violences intra familiales ont fortement augmenté, Chabeuil est probablement aussi concernée.
Alors pourquoi ce dispositif?
Les gendarmes expliquent : Il s’agit de désigner des référents par quartier, c’est-à-dire des personnes qui peuvent faire remonter des informations à la gendarmerie et à la police municipale donc à la mairie indirectement. Ils peuvent créer un groupe autour d’eux pour les aider, par exemple un comportement suspect, une voiture inhabituelle.
Les gendarmes souhaitent ainsi récupérer les infos afin de les traiter, maintenant ou plus tard et ainsi de renforcer les liens entre habitants et gendarmerie. Cela peut aider à résoudre des affaires. Si les événements sont réguliers, alors la gendarmerie fera des patrouilles.
De très nombreuses questions se posent :
1-Quelle formation du référent?
Pourtant le référent sécurité ne sera PAS formé, juste INformé.
2-Quel contrôle?
Le référent ne sera pas contrôlé (au contraire d’un gendarme par sa hiérarchie).
3-Qui choisit le référent?
Le maire désigne des personnes de bonne moralité, ils doivent inspirer confiance. Mais qui en est juge? Et que se passe-t-il lorsqu’il y a des conflits de voisinage?
Le référent peut s’appuyer sur un groupe de personnes. La dérive est inquiétante, sommes-nous en train de créer des milices privées?
4-Quel périmètre?
Les référents ne peuvent bien sûr pas rentrer chez les habitants. Ils ne peuvent donc rien sur les violences familiales.
Les faits les plus souvent signalés relèvent de la sécurité routière et du code de la route, vitesse excessive, stationnement illégal, etc. Les référents et caméras ne peuvent rien sur ces faits. Il faudrait plutôt des aménagements (chicanes, ralentisseurs, radars) et de la présence humaine (rappel à l’ordre, contraventions).
5-Que fait le référent?
Convention : le référent voit, prévient , regarde et alerte, mais ne doit pas intervenir. Les gendarmes interviennent…ou pas.
6-Le référent peut-il filmer?
Réponse de la gendarmerie : le référent sécurité doit être raisonnable, de bonne moralité, il ne fait que remonter les informations suspectes.
7-Quelles informations le référent remonte-t-il à la gendarmerie?
Des participants demandent s’il est possible de donner des noms, si c’est légal. Réponse pas très claire du maire et des gendarmes. La délation n’est plus très loin.
8-Le statut des données?
Quel statut légal des données? Comment accéder à ces informations , combien de temps, est-on prévenu ? Aucune réponse concrète sur ce sujet.
9-Et quid de la vidéo surveillance privée, orientée vers le domaine public?
Est-ce interdit? Réponse des gendarmes, oui, c’est encadré.
Conclusion :
Le maire s’est laissé aller à quelques remarques déplacées sur le fonctionnement de la justice en France. Les gendarmes s’y sont opposés intelligemment au cours de la réunion.
La vraie difficulté, ce sont les moyens humains. Les gendarmes ont une zone comportant 30000 habitants. Les référents ont-ils vocation à pallier un manque d’effectifs? En conseil municipal, le Chemin des Possibles a regretté qu’on choisisse des caméras plutôt qu’une présence humaine. Le maire s’est emporté “vous voulez mettre 40 policiers plutôt qu’une caméra?”.
Non, le choix du Chemin des possibles souhaiterait plutôt remettre de la présence dans les quartiers qui le nécessitent…policiers, éducateurs, associations, pour créer du lien social et de la solidarité.